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©Antoine Basile Mouton

Qu'est-ce qu'on perd quand on prend une photo ?

Antoine Basile Mouton

Exposition photographique proposée dans le cadre du T.A.T ! Festival.

 

Voici des photographies de nuit, prises alors que quelqu'un derrière moi aurait pu demander, d'un ton suspicieux : on va voir quelque chose ? Des formes se détachent, quelques signes, des reflets, des sources lointaines, mais ce n'est jamais certain. Parfois je n'obtiens que des images noires.

Je veux montrer la nuit et ce qu'on voit quand même. J'aime qu'on ne voie pas tout. La nuit choisit pour nous. Et il y a ces quand même, qui sont autant de rencontres.

 

J'aime marcher mais je ne m'arrêterais pas autant si je n'avais pas toujours mon appareil avec moi. Prendre une photo demande de se positionner dans et face à l'espace. C'est un acte qui engage le corps tout entier. Et il faut croire — que quelque chose apparaîtra.

 

Je voudrais donner à voir, à ressentir, ce que c'est que d'être au monde. Être là : photographier est un essai de présence. Quels mouvements secrets nous animent, quels tremblements, quelles angoisses, quels enthousiasmes ? Enthousiasme pour la lumière de la lune sur la neige, angoisse de voir une montagne dévorée par la nuit, mouvements qui nous attirent vers les silhouettes qu'on devine dans un halo de brume. Pas grand chose de plus. La nuit libère l'espace des informations que nous posons sur lui.

 

Ce qui se perd, ce qui s'efface — le noir est une eau profonde où notre attention plonge.

 

Qu'est-ce qu'on perd quand on prend ? Pied, nord, sens, corps.

Distribution

Photographe :  Antoine Basile Mouton